• Dany Leprince : Un homme à sauver

    Dany_leprince Nous sommes le 5 septembre 1994 à Thorigné-sur-Dué dans la Sarthe. Ce matin-là les employés de l'atelier de carrosserie dirigé par Christian Leprince s'étonnent de son absence inhabituelle.

    Intrigué, un ouvrier décide alors de se rendre au domicile de son patron à quelques kilomètres de là. L'homme frappe à la porte mais n'obtient pas de réponse. De plus en plus inquiet, il prend l'initiative de pénétrer à l'intérieur de la maison.

    Un horrible drame familial

    Il sera le premier témoin du drame qui s'est joué sur place la nuit précédente. Tout d'abord il découvre le corps sans vie et affreusement mutilé de Sandra, dix ans, puis celui de son père Christian Leprince. Horrifié, l'homme alerte immédiatement la gendarmerie. Arrivés sur place, les enquêteurs trouvent encore deux corps dans la maison. Ceux de Brigitte, l'épouse de Christian Leprince, et d'Audrey, six ans, la seconde fille du couple.

    Solène, la fille cadette de Christian et Brigitte Leprince, seulement âgée de deux ans, est enfermée dans sa chambre, saine et sauve. La fillette qui ne parle pas encore semble avoir été témoin du drame qui a décimé toute sa famille.

    Maison_leprinceAux premières heures de l'enquête, les gendarmes constatent que les quatre corps présentent d'énormes plaies, vraisemblablement causés par un lourd objet tranchant comme un hachoir de boucher. En revanche, personne ne semble avoir été témoin du drame, pas même Dany et Martine le frère et la belle-soeur de Christian Leprince qui vivent pourtant dans la maison voisine.

    C'est ainsi que l'enquête va piétiner pendant plusieurs jours jusqu'à ce que les soupçons des gendarmes s'orientent vers les proches de la famille après l'abandon de l'hypothèse d'un crime de rôdeur en l'absence de traces d'effraction et de vol.

    Il est vrai que certains éléments semblent accréditer cette thèse. D'une part la facilité et la discrétion avec laquelle le meurtrier s'est introduit chez ses victimes malgré la présence d'un chien et surtout l'arme du crime, une feuille de boucher, très utilisée dans la région, notamment aux abattoirs tout proches de la SOCOPA où travaillent d'ailleurs les deux frères de Christian Leprince.

    Le frère de la victime suspecté

    A force de perquisitions et d'auditions, les enquêteurs vont finalement placer toute la famille de Dany Leprince en garde à vue. Selon eux, un faisceau de présomptions a abouti a cette décision et plus particulièrement la découverte d'une reconnaissance de dette au nom de Dany Leprince chez la victime.

    Les aveux

    Pendant plusieurs heures Dany, son épouse et sa fille vont être interrogés dans trois lieux différents. La première à craquer sera Célia, la fille du couple qui raconte avoir vu son père frapper violemment son oncle dans le jardin ce soir-là. Puis c'est au tour de Brigitte Leprince de confirmer les dires de sa fille. Enfin à la 46ème heure de sa garde à vue, Dany Leprince avoue être l'assassin de son frère mais pas du reste de sa famille. Il déclare que ce soir-là, il est allé voir son frère avec un couperet de boucher pour lui demander de lui prêter de l'argent, ce qu'il a refusé. Peu à peu le ton est monté et c'est comme cela qu'il a tué Christian, sur un coups de folie.

    Le vendredi 9 septembre 1994, le juge d'instruction Cécile Brunetière notifie à Dany Leprince sa mise en examen pour meurtre avec circonstances aggravantes et son placement immédiat sous mandat de dépôt. Son épouse et sa fille sont, pour leur part, remises en liberté, aucune charge n'ayant été retenues contre elles.

    Carrosserie_christian_leprince A ce moment-là, le mobile du crime semble être la jalousie, c'est du moins ce qu'affirme le procureur Jean-Claude Thin. Il est vrai que les affaires de Christian Leprince étaient florissantes alors que son frère, criblé de dettes, était obligé de cumuler un travail de nuit à la SOCOPA à ses activités d'agriculteur et d'éleveur. Mais cela suffit-il à expliquer ce quadruple meurtre ?

    Rétractations lors de la reconstitution

    Le 22 septembre 1994, quelques jours après sa mise en examen, Dany Leprince est conduit sur les lieux du drame pour une reconstitution. Mais le meurtrier présumé est revenu sur ses aveux et refuse de mimer les gestes que l'on lui demande. Pour expliquer ce revirement il raconte que ces aveux lui ont été extorqués par les gendarmes. Alors qu'il était à bout de nerfs, il aurait entendu les cris de sa fille dans la pièce d'à côté ce qui l'aurait incité à avouer.

    Durant tout l'instruction de l'affaire, qui durera trois ans, il ne cessera de clamer son innocence et c'est dans cet état d'esprit qu'il se présente à son procès aux assises du Mans le 9 décembre 1997.

    Le procès

    Dany_leprince_proces Interrogé par le président de la cour d'assises Patrick Chauvel, Dany Leprince donne sa nouvelle version des faits. Le 4 septembre 1994, il déclare être rentré du travail comme d'habitude. Ce qui l'a frappé ce soir-là c'est le "silence de mort" à l'intérieur de la maison malgré la présence de sa femme et de sa fille. Il raconte ensuite qu'il a pris sa douche et a mangé avant d'aller se coucher à 21 h 54 précises, heure indiquée par son radio-reveil. Après une courte nuit au cours de laquelle il n'a rien entendu de suspect, il s'est levé à 2 h 10 pour prendre son travail à l'abattoir à 3 h 30. Ce n'est qu'à 9 h 20 que son épouse l' a appelé pour lui annoncer la mort de son frère. Très pointilleux il précise que ce terme l'avait choqué: "C'est inconvenant de dire que quelqu'un est mort. On le dit pour les animaux. On doit dire "décédé" ".

    L'accusé met en cause son épouse

    Selon lui les faits se sont déroulés la veille, avant son retour du travail. Lorsque le président lui rappelle qu'il a avoué lors de sa garde à vue, il répond que les gendarmes lui avaient fait croire que sa fille criait dans la pièce à côté et qu'il était épuisé. Puis il exprime ses sentiments envers son épouse qu'il accuse d'être l'auteur des faits: "C'est parce qu'elle m'accuse que je saisis qu'elle est l'auteur des faits. Je savais que j'étais innocent des faits. Comme elle m'accuse, j'en déduis que ma femme connaissait les faits mieux que moi."

    Dany_leprince_dessin_procesLorsque l'on présente à la cour la feuille de boucher utilisée par le meurtrier, il précise qu'il ne sait pas ce servir de cet instrument et que la vue du sang le met mal à l'aise, ce que confirment les experts présents dans la salle.

    Au troisième jour des débats, les gendarmes sont appelés à la barre. Ceux-ci décrivent les conditions de la garde à vue de l'accusé comme normales et mentionnent qu'à aucun moment sa fille n'a crié mais qu'en revanche ils ont été témoins d'un cauchemar de Martine Leprince au cours duquel elle a crié "Non! Non! Dany ! Arrête!" en se protégeant avec ses mains.

    Maladroitement, l'accusé désigne alors le gendarme à la barre comme étant celui qui lui avait dit qu'il était "un enculé de laisser crier sa fille" et ajoute que depuis son arrestation il est devenu proche de sa femme pour la pousser à l'enfoncer.

    Celia_leprince_dessin Le moment fort du procès sera le témoignage de l'épouse de Dany Leprince et de sa fille. A la barre Martine Leprince raconte que le 4 septembre 1994 son mari est rentré du travail, a mangé puis est sorti. Ne le voyant pas revenir elle est alors allé dans le jardin et a vu son mari discuter vivement avec son frère avant de le frapper violemment. Face à cette situation elle a tenté de l'arrêter mais selon ses mots, "il ne s'occupait pas d'elle et était comme fou". C'est en tentant d'alerter sa belle-soeur qu'elle a découvert son corps ainsi que celui de sa nièce. En revanche la petite Solène est vivante et elle décide de se rendre chez sa belle-mère en l'emmenant avec elle: "Elle m'a renvoyée. Elle m'a dit que si je disais que Dany avait fait une chose pareille, il irait en prison." De retour dans la maison du crime avec sa nièce, elle se serait allongée en la serrant dans ses bras. La situation lui semblait irréelle. Puis elle aurait couché l'enfant dans son lit et serait rentrée dormir aux côtés de son époux.

    Curieusement, sa fille Célia aurait eu la même attitude que sa mère en étant témoin de la scène d'un autre point d'observation. Ainsi, après avoir vu son père tuer son oncle elle serait restée dans sa chambre en pensant que tout cela n'était qu'un mauvais rêve. Accusé par sa fille, Dany Leprince explique qu'elle fait cela pour protéger sa mère.

    Le dernier jour du procès, la nourrice de Solène, la survivante du drame, vient raconter à la barre les déclarations de la fillette: "Il est méchant Dany, il a fait ça à Yaya [Sandra] et à Yéyé [Audrey]" en faisant un geste de la main. Ce témoignage est confirmé par la pédopsychiatre qui s'est occupé de l'enfant après les faits. En outre elle ajoute que ce témoignage réalisé dans de bonnes conditions est certainement très fiable.

    Malgré l'excellente plaidoirie de son avocat Me Jean-Louis Pelletierson, qui met le doigt sur les multiples incertitudes de ce dossier, Dany Leprince est condamné le 16 décembre 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 22 ans.

    Depuis sa cellule en prison il n'a depuis cessé de clamer son innocence et de demander un nouveau procès.


  • Commentaires

    1
    Vanessa
    Vendredi 19 Juin 2015 à 21:12

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